mercredi 16 octobre 2013

Lieve Joris

"Elle scrute chacun à hauteur d’homme, droit dans les yeux, sans jamais généraliser, en accordant à chacun le droit à l’individualité. C’est la seule position tenable en Afrique, où le regard occidental est si souvent déplacé, obscurci par le cynisme afro-pessimiste ou enjolivé par les chimères afro-optimistes." – Libération

photo : Li Shudi
Lieve Joris est un écrivain belge de langue néerlandaise. Cinquième d’une fratrie de neuf enfants, elle a choisi de fuir le milieu étouffant de son village natal pour s’en aller sillonner les routes du monde. Elle a beaucoup voyagé au Moyen-Orient et en Europe de l'Est, mais elle a surtout effectué de longs séjours en Afrique. Cette coureuse de chemins prête l’oreille à ceux qui croisent sa route, et met sa plume de portraitiste au service d’une inlassable exploration des hommes et du monde.

Dans Mon oncle du Congo, elle part sur les traces de son grand-oncle qui fut missionnaire. Les portes de Damas est le résultat d'un long séjour chez une amie syrienne dont le mari est prisonnier politique; c'est un journal sur la vie ordinaire à Damas dans un environnement oppressant. Mali blues est un carnet de route à travers l'Afrique de l'Ouest avec une collection de personnages émouvants, d'où émerge le chanteur de blues malien Boubacar Traoré. Dans La chanteuse de Zanzibar, elle trace le portrait doux-amer de son père spirituel, V.S. Naipaul, et croise un autre grand des lettres, le lauréat égyptien du prix Nobel Naguib Mahfouz. Douze ans après sa première visite, Lieve Joris retourne au Congo après la chute de Mobutu et l'arrivée au pouvoir de Kabila. Danse du léopard dresse un état des lieux écœuré des dégâts infligés au Congo par le règne de Mobutu et témoigne de l’espoir que fit naître en 1997 l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. L’Heure des Rebelles raconte, à travers l’histoire d’Assani, un jeune garçon vacher devenu chef rebelle, celle du Congo de ces quarante dernières années. Assani appartient à cette génération d’hommes, nés après l’indépendance, que l’on retrouve un peu partout en Afrique, qui ont fait des études pour échapper à leur village et sont repartis en brousse pour prendre les armes. Elle clôture sa trilogie par Les Hauts Plateaux, une descente de Minembwe à Uvira, un petit bout de carte qui est pourtant éminemment important dans la géopolitique de l’est africain. Recueil de textes dont certains remontent aux années 1980, Ma cabine téléphonique africaine offre un condensé de la méthode de Lieve Joris : celle d’une collectionneuse de destins, construisant son œuvre comme une immense galerie de portraits, denses et vivants, dont chacun laisse deviner un peu de la grande Histoire. On y croise notamment le grand reporter Ryszard Kapuściński, aux côtés duquel Lieve Joris a découvert la Pologne communiste à la fin des années 1980.

Son dernier livre, Op de vleugels van de draak (Sur les ailes du dragon), qui vient de sortir aux Pays-Bas, est une plongée dans le monde des Africains et des Chinois qui, tels de petits poissons, s’aventurent en Chinafrique dans le sillage des grands contrats commerciaux.

 Lieve Joris animera des rencontres avec les élèves des lycées français et belge jeudi 7 et vendredi 8 novembre sur le récit de voyage et la découverte de la RDC. Elle participera à la conférence sur le Congo, de Conrad à Kabila animée par le LFRD qui aura lieu jeudi 7 novembre au LPL, et dédicacera ses œuvres à la Librairie éphémère (voir le programme de l'Institut français).

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